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COVID-19: Approche mondiale désordonnée en matière de gestion des vols internationaux

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Les représentants de l’industrie doivent agir rapidement et mettre fin à une étroite vision politique, autrement le chaos entourant les vols internationaux persistera, estime Jean-Marc Bourreau, conseiller stratégique et spécialiste du transport aérien chez CPCS. En bref:

  • Les institutions de transport aérien n’ont pas réussi à fournir une réponse opportune et adéquate
  • Les gouvernements ont manqué de leadership politique envers le transport aérien
  • L’industrie aérienne, elle, s’est concentrée à protéger son modèle d’affaires au lieu de mettre la confiance des passagers au premier plan 
  • Quoi faire pour mettre fin à ce désordre international?

Transport aérien en panne

L’ancien dirigeant d’aéroport croit que le premier geste consiste à reconnaître ce qui empêche la reprise du transport aérien international.

« Je veux voir les décideurs clés réunis dans le cadre d’une conférence internationale d’urgence de haut niveau pour discuter du transport aérien et repartir avec des objectifs clairs afin qu’on puisse harmoniser la gestion des vols internationaux dans cette nouvelle normalité. »

L’annulation d’environ 95 % des vols internationaux entre janvier et juin 2020 n’est qu’une partie du portrait. La situation reste au mieux sombre, malgré quelques faibles signes de reprise.

Mais pour le conseiller stratégique, la raison pour laquelle la situation est compliquée est claire:

« Les pays ont mis en place une série de mesures incohérentes tant sur le plan du statut vaccinal, de la certification, des tests de dépistage, en matière de quarantaines et la fermeture des frontières. Ajoutez les avis d’interdiction de voyager si complexes et sans harmonisation que les compagnies aériennes et les passagers sont confrontés à des niveaux d’incertitude incroyablement élevés, incompatibles avec la plupart des besoins de voyage. »

Les effets de la réponse face à la pandémie de COVID-19

La réponse initiale des institutions internationales en matière de mesures sanitaires a été faible et inopportune.

Par exemple, le port du masque pour protéger les équipages et les passagers a été contesté pendant des mois. Les orientations timides et imprécises de l’Organisation des Nations unies (ONU), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sont apparues des mois après le début de la crise, laissant les aéroports, les compagnies aériennes et les gouvernements à eux-mêmes.

Ces orientations techniques publiées récemment ne reconnaissent toujours pas que la crise est désormais de nature politique.

Les gouvernements ont réagi avec diverses politiques, de manière inopportune pour la plupart, et sans coordination : les frontières ont été fermées unilatéralement, souvent sans informer les autres pays à l’avance, des quarantaines ont été imposées selon des protocoles variables, et sur le plan national, les réponses face à la crise sont allées de fermetures complètes à l’absence totale de réponse.

De plus, la plupart des gouvernements ont modifié leurs politiques, par tâtonnements, ce qui a contribué au chaos politique qui prévaut aujourd’hui.

Les compagnies aériennes, individuellement ou par l’entremise de leur association, se sont opposées à plusieurs des initiatives qui auraient pu rassurer les passagers. Elles ont plutôt déployé des efforts considérables pour tenter de démontrer que les vols étaient sûrs, alors qu’en réalité, aucune activité impliquant un rassemblement dans un environnement confiné et sans mesures de protection strictes ne peut être sûre.

Les aéroports, eux, ont mis en œuvre des mesures de distanciation n’étant pas adaptées à leurs infrastructures, et se sont concentrés sur l’obtention de financements, en exécutant souvent des clauses de force majeure, et ont appelé à la reprise du trafic sans proposer de mesures de protection intégrale. Bref, la distanciation physique n’a pas été arrimée à la réalité opérationnelle.

S’entendre sur un système commun de transport aérien international

Près de deux ans après les premiers cas signalés de COVID-19, le trafic aérien intérieur en Europe, en Chine, aux États-Unis et dans quelques autres pays a atteint des niveaux comparables à ceux d’avant la pandémie, tandis que le trafic international est toujours sévèrement limité. Une fois encore, la situation n’est pas technique, mais politique.

Organisons cette conférence internationale de manière à ce que nous repartions avec des objectifs clairs comme celui-ci : établir un système simple qui permettrait aux compagnies aériennes et aux voyageurs de comprendre l’état de la pandémie dans chaque pays, avec des exigences normalisées pour voyager vers et depuis chaque pays.

Imaginez un système simple de trois couleurs de type vert, jaune et rouge basé sur des paramètres communs, aussi simple que possible, et avec des exigences sanitaires communes pour chaque catégorie, serait un point de départ.

Un telle conférence est sans doute un vœu pieux, mais la création d’un forum qui serait porteur d’un message politique commun et fort venant des plus grandes économies du monde serait déjà un pas géant.

Qui relèvera donc le défi et jettera les bases d’une véritable relance du transport aérien international?

Jean-Marc-Bourreau est responsable du secteur Aviation chez CPCS, une firme-conseil mondiale spécialiste des infrastructures de transports, d’énergie et des partenariats public-privé.

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